23 Sep

Near Death experience : La mort ne vous va pas si bien

Publié par Damien Miagoux - Catégories : #sorties cine

Souvent à l'origine de films mêlant tour à tour critique sociale, humour noir, punk à chiens et situations déjantées, Benoît Delépine et Gustave Kervern semblent se calmer avec leur dernier long, Near Death experience, plus mélancolique, moins hilarant que leurs précédentes œuvres. Film de la maturité ? Peut-être, le problème est, bien que l'intention des deux grolandais soit louable, Near Death Experience ne parvient à tenir en haleine le spectateur, malgré le talent surprenant de Michel Houellebecq.

Paul (Michel Houellebecq), employé sur une plate-forme téléphonique est en plein burn out. Pendant qu'il regarde le journal télévisé, un reportage sur le vendredi 13 va le décider à en finir avec la vie. Il s'enfuit alors dans la montagne afin de passer à l'acte...

Si vous aimez l'humour made in groland, les pétages de plombs de Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel dans Le Grand Soir, la branlette de Gérard Depardieu dans Mammuth ou encore le cynisme enjoué de Louise Michel, Near Death Experience n'est pas fait pour vous. Récit initiatique d'un homme totalement dépassé par son époque, au bord de la rupture, ce nouveau film du tandem Delépine - Kervern fait l'impasse sur les scènes cocasses et drôles, excepté lors d'une pensée de Paul qui à coup sûr deviendra culte. S'étendant un peu trop à son goût sur les affres de la vie, le sexagénaire se reprend pour s'entendre dire : "tu parles trop et tu ne te suicides pas assez !". Ce moment d'esprit est hélas bien peu pour accrocher le spectateur pendant près d'1h30.

Randonnée mortelle

Ce qui est dommageable car Near Death Experience trouve son originalité dans sa forme quasi expérimentale, bien loin des conventions établies par la plupart des films d'auteur français. Tourné en caméscope, le grain de l'image a été voulu sale, laid, dépourvu d'enrobages esthétiques, à l'image de son protagoniste portant la maladie sur son visage. Handicapé social, Paul cherche la solitude et ce, même dans les moments de vie de groupe. Ses collègues, sa famille sortent alors à moitié de l'image, visages hors cadre, comme s'ils n'étaient pour lui que de simples apparitions. Ne parlant quasiment jamais, notre anti-héros se questionne sur une société qui le broie, qui est toujours enclin à s'associer au plus fort, et la voix-off de Michel Houellebecq berce le spectateur de tout son spleen, quitte à l'endormir un peu.

Certaines personnalités se révèlent ailleurs que dans leur domaine de prédilection lorsque le poids de l'âge les emporte dans de nouvelles directions, c'est le cas de l'écrivain céliniesque Michel Houellebecq. Le crâne déplumé, le faciès déformé par l'alcool et la cigarette,d'un naturel confondant, l'apprenti acteur vampirise la pellicule, fascinant le spectateur par son physique atypique. A presque soixante ans, l'auteur de La possibilité d'une île se reconvertit de la plus belle des manières.

Ovni cinématographique, Near Death Experience laisse le champ libre à un Michel Houellebecq à l'aise dans son nouvel élément. Dommage que cette virée mortelle s'enlise doucement mais sûrement dans l'ennui, laissant le spectateur sur le bas côté avec une corde pour se pendre.