09 Jan

Les Huit Salopards : Un western Agatha Christie

Publié par Damien Miagoux - Catégories : #sorties cine

Pas de repos pour Tarantino. Après le chef d'oeuvre Django Unchained, le cinéaste s'essaye de nouveau au western avec Les Huit Salopards. Au revoir les champs de coton, bonjour le blizzard du Wyoming et sa mercerie où se rencontre ces huit crapules. Dialogues ciselés, mise en scène au cordeau, ce huis-clos a de la tenue bien que sa durée et certaines idées affaiblissent la qualité du film.

Quelques années après la guerre de Sécession, le chasseur de primes Jonh Ruth (Kurt Russel) se dirige vers Red Rock afin de livrer Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh), criminelle bonne pour la potence. Un blizzard les obligera à rester enfermer dans une auberge avec 6 autres personnages énigmatiques...

"Dix petits nègres" à la sauce pop façon Quentin Tarantino. Il y a quelque chose d'Agatha Christie dans Les Huit Salopards. Des personnes coupées du monde extérieur cachant chacun de lourds secrets, des meurtres au coupable à l'identité secrète... Tout nous fait penser aux histoires de la plus célèbre des romancières, spécialiste du crime. Mais le réalisateur n'oublie pas de donner à ses fans ce qu'ils attendent : des personnages hauts en couleurs et à la verve facile, une dose d'humour et bien entendu plusieurs litres d'hémoglobine dans un magma de violence.

Les Huit Salopards avaient tout de l'hommage pur et dur au western, comme le déjanté Django Unchained, avec une musique composée par Ennio Morricone "himself" ou encore l'utilisation du Panavision 70mm. Malgré ces éléments "made in Far West", le 8e film de Tarantino s'apparente plus au théâtre du Grand-Guignol où Les grands espaces et les duels laissent places aux situations exagérées et aux effets spectaculaires démesurés (à choisir entre les têtes qui explosent ou les vomissements d'une quantité faramineuse de sang).

Plus c'est long, moins c'est bon

Un choix qui s'avère payant jusqu'au dernier tiers du long métrage, grâce aux talent des huit comédiens, notamment de Kurt Russel, chasseur de primes bourru, et de Jennifer Jason Leigh, hors-la-loi foldingue qui jure comme un charretier, bien aidés par des dialogues toujours aussi jouissifs de la part de Quentin Tarantino. La réalisation n'est pas en reste puisque ce dernier offre un spectacle au-dessus du simple théâtre filmé avec un travail impressionnant des arrières plans ainsi que des mouvements de caméra qui suit chaque personnage de manière fluide.

Malgré ses indéniables qualités, Les Huit Salopard provoque chez le spectateur une certaine déception du fait de sa durée un peu exagérée. A trop vouloir s'étirer, le film perd en puissance à cause de scènes moyennes et pas indispensables, toutes contenues dans un épilogue pas assez recherché, qui tombe un peu à plat. Ne parlons pas du message politique sur le racisme aux Etats-Unis qui semble esseulé dans une histoire qui s'en serait bien passée. Oui, l'action se passe après la guerre de Sécession, oui le personnage de Samuel L. Jackson a de quoi en vouloir à certains "blancs" mais ces références ne collent pas vraiment avec le reste de l'oeuvre, que ce soit au niveau du ton que de la trame.

Pas le plus mauvais film de Quentin Tarantino mais pas le meilleur non plus, Les Huit Salopards ne manque pas de qualité mais l'idée de faire un huis-clos de près de 3h fait retomber le soufflé. Reste un spectacle de qualité porté par des grands comédiens et une réalisation magnifique. Hélas, à la sortie de la salle, c'est la déception qui gagne.