01 Feb

Spotlight : Les journalistes portent leur croix

Publié par Damien Miagoux - Catégories : #sorties cine, #coup de coeur

La chasse aux prêtres pédophiles est ouverte. Sentant bon l'hommage aux films d'investigation des années 70, Spotlight suit l'incroyable travail fourni par un groupe de journalistes pour dénoncer les abus sexuels au sein de l'Eglise de Boston. Classique dans sa forme, le film n'en reste pas moins captivant dans son fond.

Boston, 2001. Une équipe de journalistes du Boston Globe, baptisée Spotlight, mettra un an pour dénoncer l'un des plus gros scandales au sein de l'Eglise Catholique. Enquêtant pendant douze mois sur des accusations d'abus sexuels, elle révélera que l'institution a protégé pendant des décennies les personnalités religieuses, juridiques et politiques les plus en vue de Boston. Voici leur histoire...

Une histoire qui prouve la force du quatrième pouvoir. Spotlight se penche finalement moins sur les atrocités commises par de nombreux prêtres de Boston que sur le travail de sape des journalistes. Des kilomètres de prises de notes, des coups de fil incessants, recoupement et vérification des sources... Le cinéaste Tom Mc Carthy donne un coup de projecteur sur une presse qui, si elle s'en donne la peine, peut faire tomber toutes les barrières. Un point de vue qui n'est pas s'en rappeler Les Hommes du Président, chef d'oeuvre du genre réalisé en 1976 par Alan J. Pakula qui racontait l'affaire du Watergate. Spotlight y utilise les mêmes rouages. Une enquête qui avance grâce à des témoignages mais parfois stoppée par une puissance supérieure. Car, que ce soit le gouvernement Nixon ou l'Eglise Catholique, il est souvent difficile de s'attaquer à ce genre d'institutions, spécialistes des moyens de pression.

Un beau coup de projecteur sur l'investigation

Cet hommage appuyé aux années 70 amène dans Spotlight une reconstitution étrange des années 2000. En ces débuts de l'ère internet, le groupe d'investigation utilise des procédés dignes d'un autre temps pour trouver les informations. Entre les recherches à la bibliothèque ou aux archives, Tom Mc Carthy oublie complètement de faire références aux nouvelles technologies. Sauf sur ce plan large des locaux du Boston Globe dans lequel une pub AOL emplit la moitié du champ. La mise en scène du film est d'ailleurs surannée. Le réalisateur ne s'embête pas à livrer un film à l'esthétisme moderne, la caméra suivant seulement les protagonistes dans leurs recherches de la vérité. Simple comme un bon vieux film du genre.

Ces petits défauts n'enlèvent pourtant rien à la force de Spotlight. Car, au final, le spectateur n'a pas besoin d'effets de manche dans la réalisation pour se sentir transporter dans le récit. Basé sur des faits réels, le scénario s'intéresse à ces milliers d'enfants victimes d'abus sexuels par des prêtres officiant à Boston, tout en montrant comment l'Eglise a voulu étouffer ces nombreuses affaires. Plus d'1 milliard de dollars aurait dû être déboursé en dédommagement aux victimes si des procès s'étaient tenus, nous dit-on dans le film. Un chiffre qui donne des sueurs froides et montre bien l'ampleur du désastre. Un désastre pas seulement enfoui par les personnalités religieuses mais aussi par les politiques et la justice. C'est donc bien une remise en cause du système que les journalistes du Globe ont voulu démontrer, mettant de côté la simple attaque contre l'Eglise.

Porté par des comédiens au service du sujet, Spotlight tient en haleine le spectateur du début à la fin, prouvant que la presse peut bien servir d'intermédiaire pour faire éclater la vérité. Malgré ses quelques défauts, le film parvient à faire réfléchir tout en apportant un choc émotionnel. Avec ses 5 nominations aux Oscars, Spotlight mérite de se retrouver sous les feux des projecteurs.