10 Nov

Skyfall : Pas de faux bond pour Bond

Publié par Damien Miagoux - Catégories : #sorties cine

Oubliez le pitoyable Quantum of Solace, Sam Mendes reprend les manettes de la franchise et signe un 23e épisode qui célèbre dignement les 50 printemps du plus célèbres des agents secrets. Marchant sur les traces de Casino Royale, Skyfall poursuit la renaissance de Bond, plus sombre et fragile, en prise avec un bon vrai méchant.

A la suite d'une mission qui a mal tourné, James Bond (Daniel Craig) se fait passer pour mort auprès du MI6. Mais le trouble passé de M (Judi Dench) remonte à la surface, mettant en péril plusieurs agents infiltrés. La patrie en danger, 007 ressuscite et suit la piste du mystérieux Silva (Javier Bardem)...

Quatre ans auparavant, notre espion préféré s'enlisait dans une mission sans queue ni tête , affrontait un Mathieu Amalric en roue libre et faisait de Quantum of Solace une version bondiesque des aventures de "Martine" (Bond fait du bateau, Bond à Monaco, Bond en Autriche...). Suite aux problèmes financier de la MGM, ce piteux épisode aurait pu être le dernier d'une saga historique. Mais comme son héros, la résurrection est le hobby du studio...

Caisses renflouées, la MGM a enfin pu sortir son Skyfall et offrir au spectateur un des plus beaux opus de la série. L'oscarisé Sam Mendes n'est pas étranger à ce retour en grâce. Pour son premier blockbuster le cinéaste ne tremble pas, proposant une mise en scène subtile et une photographie des plus léchées. Fan de la première heure, le réalisateur magnifie les exploits du personnage créé par Ian Fleming. La scène d'introduction, course poursuite frénétique de vingt minutes dans les rues d'Istanbul, n'est qu'une mise en bouche qui laissera place à un combat dans un immeuble de Shanghai, éclairé par les gigantesques panneaux publicitaires, ou à une magnifique bataille dans les eaux glacées d'Ecosse.

James Bond Rises

Malgré le budget colossal du long métrage, Sam Mendes n'oublie pas de livrer une vision auteuriste de 007. Skyfall se penche largement sur le passé de Bond et son rapport filial avec M, finissant le travail de renaissance de l'agent secret entamé par l'excellent Casino Royale. A l'instar du Dark Knight Rises de Nolan, le film expose un héros vieilli, fatigué, brisé moralement et physiquement qui s'élèvera grâce à la confrontation de ses vieux démons ranimés par un méchant machiavélique. Barbe de 3 jours, le regard sombre et tout en prestance, Daniel Craig donne de la profondeur à ce Bond malmené, dépressif et alcoolique.

Un James Bond réussi est souvent porté par un adversaire charismatique et redoutable. Skyfall ne déroge pas à la règle. Double maléfique de l'espion, Silva tentera par tous les moyens de se venger de M, poussant l'agent britannique dans ses derniers retranchements. En véritable manipulateur, il anéantira les certitudes de Bond afin de l'entraîner un peu plus dans sa chute. Blond peroxydé pour l'occasion, Javier Bardem livre une prestation remarquable. Rire sardonique et folie exacerbée, l'acteur n'oublie pas d'immiscer une part d'humanité dans son personnage, instaurant de l'empathie chez le spectateur.

Doté d'un générique splendide, porté par la voix d'Adèle, d'un humour so british qui fait son retour grâce notamment à l'apparition de Q (Ben Wishaw), d'une multitude de références aux anciens épisodes (Aston Martin DB5 de Sean Connery, la bagarre dans l'enclos des dragons de Komodo...), et d'une conclusion qui nous met l'eau à la bouche quant au prochain opus, Skyfall termine la mue de James Bond. Beau, époustouflant et intelligent, il nous laisse présager d'un avenir radieux pour le cinquantenaire amateur de martini.